2014 Below: Moral Judgment Influenced by What Language You Speak...

....people show greater agitation when lying in their native language than in a foreign one!

--

Le réalisateur Rithy Panh, auteur du documentaire “Duch, le maître des forges de l’enfer”, a accepté de réagir sur ce blog aux propos de l’ancien avocat français de Duch, François Roux, profondément déçu par la sentence prononcée contre son ex-client.

François Roux et Rithy Panh ont tous les deux travaillé avec l’ancien directeur khmer rouge de S21 pendant de longs mois. Ils se connaissent et s’apprécient malgré leurs divergences sur Duch. Ils sont invités à débattre ce dimanche 4 mars à Genève, au Festival du Film et Forum international sur les droits humains. Voici quelques-uns de leurs désaccords.
La sentence :

L’ancien avocat français de Duch, François Roux, n’a pas caché sa déception et son amertume dans les jours qui ont suivi le jugement final imposant à Duch une peine de prison à vie. «Si le procès devait servir de leçon, ce n’était pas par une condamnation à perpétuité. Il y avait beaucoup mieux à faire pour l’humanité.»
«L’humanité ne peut pas se porter moins bien, répond Rithy Panh. L’humanité se comporterait mal si Duch était libéré. Je suis partisan qu’on juge les individus sur des actes précis. La perpétuité, c’est la peine qui convient à ses crimes contre l’humanité. Pourquoi plus le crime est grand, plus on relativise la peine ? Si il avait tué 10 personnes, on l’aurait condamné à perpétuité dans n’importe quel pays. Pourquoi devrait-on relativiser au-delà de 12 000 ? Les morts n’ont pas le même poids.»


«Maintenant que le crime est condamné, c’est aux victimes d’être plus courageuses et c’est à elles de décider si elles peuvent pardonner. Si cela ne concernait que moi, je laisserais Duch rentrer mourir chez lui dans quelques années.»
La vengeance
François Roux estime qu’il aurait fallu tenir compte des éléments contenus dans le dossier pour faire faire du chemin à la société, aux victimes… «On a construit sur la souffrance des victimes. Mais la société et la presse ne devraient pas être apaisées par ça, ou alors c’est un échec patent de la justice. L’équation est faible. 12 000 morts = la perpétuité. Ce n’était pas la peine de dépenser tous ces millions, de mobiliser autant de monde et de temps pour aboutir à ça.»
«On ne jubile pas à la condamnation de Duch, réplique Rithy Panh. N’imposez pas cette image de Cambodgiens au regard vengeur et jubilateur. La perpétuité c’est la peine qui convient à ses crimes.»

François Roux décrit cette peine comme «une exclusion à vie de la communauté des humains» mais pour Rithy Panh «on parle de l’homme qui commandait M13 puis S21, d’un homme qui a travaillé au remodelage d’une nouvelle société policière, répressive, une société de terreur». «Duch n’était pas un petit délinquant.»


Les larmes de Duch et les ratages du procès
Evoquant les ratages du bureau des procureurs qui «n’a pas su valoriser les regrets exprimés par Duch pendant l’instruction», ni la reconstitution à laquelle les juges d’instruction ont procédé en amont du procès. Duch s’effondrant sur l’épaule de son gardien à S21 et sa demande de pardon aux victimes constituent pour François Roux un temps fort du procès qui est resté inexploité voire ignoré. «Un raté phénoménal», déplore-t-il. «Pourquoi on n’a pas construit là-dessus?»

«Ce ne sont pas les larmes de Duch qu’on juge, ce sont les choix d’un homme, ce sont ses crimes, sa vie politique, son rôle dans la société. Si Duch avait été ému, révolté devant le crime, on n’en serait pas là.»
«Les pleurs de S21, remettons-les dans leur contexte mais n’en faisons pas le motif de la sincérité retrouvée de Duch. Ce n’est pas parce qu’on pleure que ça y est on est sur le chemin de l’humanité. Je ne mets pas en doute les remords de Duch mais combien de gens ont pleuré devant lui sans qu’il lève le petit doigt pour les aider? Les pleurs n’induisent pas que Duch a tout expliqué, ni qu’il a fait ce qu’il fallait faire, ni qu’il a dit ce qu’il fallait dire. Stéphane Hessel lui avait conseillé d’assumer sa peine avec courage. Mais Duch a fait appel. Quelqu’un qui plaide la libération au bout de plusieurs mois de procès et de soi-disant coopération, ça me laisse perplexe.» Sans compter, souligne le cinéaste, que cette réaction fut très agressive par rapport aux victimes.
Quant aux ratages du procès, Rithy Panh regrette, lui, qu’il n’y ait pas eu assez de travail sur les liens de Duch avec le Comité central et sur le rôle spécifique qu’il jouait dans l’appareil sécuritaire. Il épingle au passage la stratégie de la défense : «La défense qui ne cite pas Nuon Chea pour défendre Duch, ça reste une incompréhension. Pourquoi n’a-t-elle pas fait venir  Nuon Chea à la barre pour montrer la mécanique et la coopération sincère de Duch?»


La position de Duch
Autre terrain de désaccord entre les deux hommes : la position de Duch. François Roux critique la procureure cambodgienne qui s’oppose aux cas 3 et 4. «Comment peut-elle tenir le raisonnement que les cas 3 et 4 ne correspondent pas à des hauts responsables alors que dans la hiérarchie ils étaient au-dessus de Duch?»
«Le débat sur “il n’est pas leader”, c’est intéressant, rebondit Rithy Panh. Il faut démontrer que Duch fait partie des hauts responsables et à quel niveau. Il y a eu des manquements sur l’explication réelle du rôle de Duch. On n’a pas su dire pourquoi il n’était pas un chef de prison comme un autre, pourquoi il était toujours au milieu du dispositif depuis M13 jusqu’à S21 ? Tout est à démontrer ! Ce que Duch a reconnu c’est l’évidence, on s’est arrêté à l’évidence, on n’est pas allé plus loin.»


Le choix des témoignages et le crime d’obéissance
«Qu’a-t-on fait du témoignage de François Bizot, regrette François Roux. Est-ce qu’on a creusé ce qu’a dit David Chandler sur le crime d’obéissance? [...] On ne sort pas comme ça d’années d’endoctrinement. On a zappé le régime de terreur.»
«François Bizot dit que derrière un criminel il y a un homme. On avance beaucoup dans la connaissance de la vérité et dans la connaissance de l’histoire avec des phrases comme ça !», réagit Rithy Panh. «Ce sont toujours les Cambodgiens qu’on écoute en dernier. On écoute François Bizot, on écoute David Chandler. Et Vann Nath ? Et Chum Mey ? Et les familles des victimes ? Il est peut-être temps de poser des questions intelligentes aux Cambodgiens sur l’humanité, sur l’éthique, sur le problème moral face à un crime de cette ampleur. Est-ce que Vann Nath et Chum Mey n’ont pas d’opinion là-dessus ?»
«Quant au crime d’obéissance, on connaît la réponse, ajoute Rithy Panh. Même Khieu Samphan dit que ce n’est pas lui qui décide, sous-entendu il obéit. Tous les grands criminels disent ça.»


Le bouc-émissaire
L’avocat François Roux est convaincu que Duch paye son revirement en fin de procès. Un revirement qu’il interprète toujours comme une démonstration que Duch «est resté un être humain». Et il ajoute que la justice a fait de son ancien client un symbole. «Un symbole qu’on condamne, c’est un bouc-émissaire.»
«Le bouc-émissaire, je suis d’accord qu’il ne doit pas l’être, plaide Rithy Panh. Ce n’est pas lui seul qui a conçu le crime.»
Sur ce point au moins, l’avocat et le cinéaste sont d’accord.

--- Moral Judgment Influenced by What Language You Speak

Though one might expect a person to judge a moral dilemma the same way regardless of the language used to understand the problem, research suggests that this is not the case. Scientific evidence supports the conclusion that people are more likely to make utilitarian decisions when considering a problem in a foreign language.

Research participants were presented with a variation upon a classic moral dilemma. In this thought experiment, one is asked to imagine standing at the top of a foot bridge that extends over a train track. Below, an out-of-control train careens towards a group of five helpless people. It is possible to save these five people by pushing a much larger person off of the bridge and in front of the train. The larger person will surely die, but the group of five people would be saved.

Many people struggle with this dilemma because of the need to balance two ethical practices. On the one hand, sacrificing one life to save five others would be for the “greater good.” On the other hand, pushing someone off a bridge to their certain death violates the moral guideline against killing.

To understand the influence that different languages have upon a person’s moral judgment, researchers posed this dilemma to people either in their native tongue or in a learned, foreign language.  For example, native English-speaking Americans that could also speak Spanish were asked to read the scenario and answer in either English or in Spanish. The researchers also evaluated Korean and English speakers from Korea, English and French speakers from France, and English, Spanish, and Hebrew speakers from Israel.

After determining that each participant could adequately comprehend the scenario, one might expect that a subject’s moral judgment would be consistent regardless of the language used to present the dilemma. However it was found that within all the studied groups, subjects were more likely to choose the utilitarian option of killing one person to save five if the problem was presented in a foreign language. In some groups this difference smaller; Koreans were only 7.5 percent more likely to choose the utilitarian option when asked in English than in Korean. However in Israel, native English or Spanish speakers were 65 percent more likely to make sacrifices for the greater good when asked in Hebrew.

Part of these differences in moral judgment can be interpreted as a reflection of different cultural values. For example, when asked in their native Korean language, not a single Korean participant indicated that they would be willing to push someone off a bridge to save a group of people. The researchers suggested that this may be due to cultural prohibitions, and cited previous research that indicates East Asians are less likely to choose the utilitarian options when faced with a moral dilemma. Conversely, the researchers also indicated that Spanish-speaking societies tend to emphasize the importance of the common good. This was one explanation offered as to why participants responding in their non-native Spanish were more likely to push the large person off of the bridge.

The increase in utilitarian decision-making may also be related to the increased emotional distance that one experience while speaking a foreign language. Previous studies have indicated that people speaking in a foreign language display less emotion (as evaluated by skin conductance tests) than they do when speaking in their mother-tongue. In addition, people show greater agitation when lying in their native language than in a foreign one. Thus, it falls to reason that in this experiment participants were more likely to kill one person to save a group because their emotional aversion to killing another human being was reduced.

The discovery that the native-ness of a language used to present a moral dilemma can influence one’s moral judgment is an important consideration for the rapidly globalizing world. The authors note that not only immigrants, but also organizations such as the United Nations, European Union, and international corporations are faced with the need to simultaneously make decisions and communicate in foreign languages. As such, responsible policy-makers must be cognizant not only of the content of a moral dilemma, but also the way in which the problem is presented as factors that may influence the decision-making process.

By Sarah Takushi

Sources : International Journal of Psychophysiology & Neuropsychologia